Écrit par Sarah Court et Gamini Wijesuriya, Programme d’approches centrées sur les Personnes et Gestionnaire de projet, ICCROM – Adapté par NOTE D’ORIENTATION – ICCROM 2015

 

 

Les communautés sont devenues la cible d’un certain nombre de politiques internationales et nationales, car des communautés fortes ont tendance à être bénéfiques tant pour les individus que pour la société dans son ensemble. Les communautés fortes sont constituées de bons réseaux de soutien et de groupes communautaires actifs offrant des possibilités de bénévolat contribuent à améliorer la santé et le bien-être; une inclusion sociale accrue; réduction des comportements criminels et antisociaux; une culture d’entreprise et d’apprentissage accrue; et encourager la participation au processus démocratique. Dans le cas du patrimoine, la participation de la communauté contribue à ce tableau plus large mais apporte également des avantages spécifiques au patrimoine.

Dans ce contexte, les approches centrées sur les personnes ne considèrent pas le patrimoine comme une simple entité isolée qui a besoin de ressources pour sa conservation et sa gestion. Au lieu de cela, le patrimoine est perçu comme ayant le potentiel de jouer un rôle actif dans les communautés et d’apporter des avantages aux gens, démontrant ainsi que le patrimoine a un sens pour la société, tout en gagnant le soutien de la société pour son utilisation et sa protection continues. Engager les communautés consiste à renforcer leur capacité à participer de manière significative au processus de prise de décisions de conservation et de gestion pour elles-mêmes et leur patrimoine.

Les communautés peuvent être des communautés de lieux (celles qui vivent à l’intérieur ou à proximité du patrimoine), des communautés d’intérêt (celles qui ressentent un lien avec ou sont intéressés par le patrimoine) ou des communautés de pratique (ceux qui travaillent avec le patrimoine).

Certains lieux patrimoniaux attirent déjà des millions de visiteurs et on pourrait soutenir qu’ils n’ont pas besoin de nouvelles approches pour impliquer les gens. Cependant, dans les lieux patrimoniaux qui semblent être des attractions touristiques réussies, la question doit être posée de savoir si d’autres communautés, comme les résidents locaux, sont encore autorisées à profiter de leur patrimoine tel qu’il était initialement prévu et si elles en tirent des bénéfices. Ces situations doivent être évaluées en des termes qui vont au-delà du nombre de visiteurs et des revenus financiers pour inclure, par exemple, des mesures de la santé de la communauté de lieu concernée. Cette discussion est souvent abordée sous l’angle du développement durable, dans le but de créer une communauté durable. Non seulement ce discours sur la durabilité suggère de mesurer le succès d’un lieu patrimonial en termes de facteurs économiques, environnementaux et sociaux, mais met également l’accent sur la conservation comme seul moyen de garantir que les générations futures bénéficient des ressources patrimoniales.

Cependant, trop souvent dans le débat international plus large sur la durabilité, le patrimoine ne reçoit qu’une mention limitée. La contribution marginale perçue que le patrimoine culturel peut jouer à de tels programmes a deux impacts négatifs: elle ne parvient pas à exploiter pleinement la contribution potentielle que la culture peut apporter à des problèmes tels que comme la dignité communautaire, l’inclusion culturelle, la réduction de la pauvreté, etc., ainsi que la marginalisation du patrimoine culturel de telle sorte qu’il ne soit pas perçu comme jouant un rôle utile dans la société. Un changement est nécessaire là où le secteur du patrimoine parvient à devenir plus important, produisant ainsi non seulement des avantages pour les communautés, mais gagnant leur soutien en reconnaissance de la contribution significative que le patrimoine peut jouer. Comme on ne peut pas tenir pour acquis qu’il y aura un soutien futur pour maintenir de nombreux biens patrimoniaux, le patrimoine doit assumer un rôle plus dynamique où il peut produire des résultats au-delà de ses limites, atteignant l’équilibre avec la société qui verra plus de raisons de le sauvegarder.

L’accent mis sur le fait de donner à la communauté un rôle authentique et autonome dans les affaires publiques s’inscrit dans un appel à des approches endogènes du développement durable; le changement doit être enraciné dans la compréhension locale des besoins et des opportunités, de sorte qu’un tel changement apporte des avantages durables à la communauté. Cela a été adopté dans le domaine du développement communautaire et il a été noté que même les communautés défavorisées ont des capacités et des atouts qui peuvent profiter à leur propre développement et à leurs ressources patrimoniales.

Un autre volet des approches de conservation centrées sur les personnes est l’approche du patrimoine vivant, où le patrimoine vivant est caractérisé par l’utilisation continue du patrimoine par sa communauté associée aux fins pour lesquelles il a été créé à l’origine. Le patrimoine vivant est fortement lié à une communauté et est donc soumis à un processus continu d’évolution, car le changement est intégré comme faisant partie de la nature vivante du lieu patrimonial. Cela maintient une continuité des connexions communautaires (exprimées à la fois en termes de patrimoine matériel et immatériel) et ces communautés connectées prennent leurs responsabilités

maintenir leur patrimoine par des moyens traditionnels ou établis. En outre, un tel patrimoine est lié ou a de l’importance pour la vie contemporaine de la communauté qui s’efforce d’en tirer divers bénéfices.