FirenzeSociometrica a Firenze - Ph. Uff: Stampa Opera del Duomo

Adapté par Plateforme des villes de l’UNESCO, «Solutions urbaines : s’inspirer de l’action des villes face à la COVID-19»

 

 

Plus de quatre mois après le début de la pandémie, de nombreuses villes du monde entier ont commencé à assouplir les mesures et à agir pour une relance préliminaire. Les villes sont souvent les chefs de file pour traduire les règles de déconfinement en mesures concrètes adaptées aux besoins locaux. C’est ainsi qu’elles commencent également à s’orienter vers de nouvelles mesures d’adaptation pour reprendre leurs activités, qui comportent souvent des restrictions.

Orienter ces actions s’avère généralement nécessaire pour retourner à la normale, donner une perspective aux habitants, autoriser les personnes à se rencontrer et se rassembler en sécurité. Cela peut être particulièrement difficile pour les villes. Alors que la phase critique, souvent caractérisée par un confinement, s’est concentrée sur les habitants, le déconfinement a poussé les villes à reprendre leur rôle central au sein d’une zone plus large, regroupant des travailleurs mais aussi des étudiants, des acheteurs, des visiteurs et des touristes par exemple.

Le panel cherchera à illustrer la manière dont les villes ont mis en œuvre des mesures pour commencer à se rétablir, notamment en permettant la reprise de l’économie locale et du tourisme, en concevant des moyens de mobiliser les institutions culturelles et éducatives, en s’engageant auprès des jeunes et en améliorant la mobilité. Il abordera le défi d’équilibrer la réponse pour les habitants des villes avec la nécessité de répondre aux besoins d’une zone plus large. A travers tous ces éléments, les villes ont également commencé à réfléchir à une reconstruction qui les rendrait plus résilientes, plus vertes et plus durables.

Plus de quatre mois après le début de la pandémie, de nombreuses villes du monde entier ont commencé à assouplir les mesures et à agir pour une relance préliminaire. Lorsque les mesures sont assouplies, la gestion de la crise en cours doit aller de pair avec un processus de relance multidimensionnel au sein duquel les secteurs reprennent, souvent à des rythmes différents.

Le confinement est en principe relativement simple tandi qu’une réouverture progressive est bien plus complexe. La relance préliminaire est peut-être la phase la plus délicate pour les gouvernements centraux qui doivent établir des directives claires, du fait des rythmes différents auxquels les secteurs reprennent, mais aussi de la diversité des besoins de chaque segment de la population et de chaque localité. Par conséquent, les villes jouent un rôle crucial, peut-être même encore davantage que lors de la phase de confinement complet. Nous avons vu des gouvernements locaux qui ont ouvert la voie à une réouverture des entreprises et à l’accueil d’un grand nombre de visiteurs en toute sécurité. Comment les villes ont-elles diffusé ces mesures en constante évolution ? Comment l’information a-t-elle été partagée, comment les réseaux sociaux ont-ils été mis à contribution et comment l’environnement urbain s’est-il adapté (panneaux d’information, signalétique, limitation du trafic, etc.) afin de gérer cette phase ? Comment les villes ont-elles amélioré l’accès aux services publics d’hygiène, en sachant, notamment, que les capacités en la matière varient grandement d’un pays à l’autre et même entre les villes d’un même pays ?

Toutes ces considérations peuvent représenter un défi de taille pour les villes, du fait de leur impact sur les populations élargies, au-delà des citadins. Alors que la phase critique, prenant souvent la forme d’un confinement, se concentrait sur les habitants des villes, la phase de déconfinement remet en lumière le rôle central des villes au sein de régions plus étendues car elles attirent les travailleurs mais également les étudiants, les consommateurs, les visiteurs et les touristes. L’utilisation des transports publics ou l’accès aux espaces verts dans le respect des mesures de sécurité et de distanciation ont été plutôt simples à gérer lors du confinement, mais les choses deviennent plus complexes lorsque la ville n’est plus réservée qu’à ses habitants. De ce fait, la force des villes, en tant que catalyseur des économies régionales, de l’éducation et de la vie sociale et culturelle, peut facilement devenir une faiblesse en cas de mauvaise gestion. Par chance, des villes de toute taille, dans le monde entier, ont trouvé ou recherchent des méthodes visant à relever ces défis particuliers. Quels sont les exemples de mode de gestion qui ont été conçus ?

Grâce à ce rôle de catalyseur, les villes ont également tendance à être le cœur des pays. C’est là que les personnes travaillent, accèdent à l’éducation supérieure, visitent des musées ou assistent à des concerts. Ce sont des points de circulation pour les travailleurs, dans le pays et à l’échelle internationale. C’est ce qui rend les villes si dynamiques, diverses et créatives. Cette vitalité est essentielle pour la vie urbaine, mais il peut être particulièrement complexe de la retrouver. Le déconfinement était très attendu, mais les habitants hésitent peut-être encore à se déplacer en groupes importants, à se rendre au restaurant, à faire les boutiques ou à partir en voyage. La sécurité devait rester la priorité, ce qui a engendré un équilibre fragile entre restrictions et incitations à « vivre ». Comment les différents secteurs coopèrent-ils afin de redonner vie aux villes ? Comment les citoyens ont-ils été encouragés à prendre part à la vie et à interagir en toute sécurité après le confinement ?

Une telle reprise de l’économie nécessite souvent de sortir des sentiers battus et d’exploiter de nouveaux marchés. Dans le monde entier, les PME, les entreprises culturelles et les sites et entreprises qui dépendent des revenus générés par le tourisme ont dû faire preuve de créativité et d’innovation, mettant souvent ce temps de confinement à profit afin de repenser les modèles d’activités et les publics ciblés. Qu’il s’agisse d’un musée comptant sur les visiteurs locaux pour se relancer, de jeunes designers produisant des masques tendance, d’écoles mettant en place l’enseignement à distance ou de villes assouplissant les réglementations afin d’augmenter la place accordée aux terrasses et aux marchés dans l’espace public ; de quelles façons les entreprises, publiques et privées, se sont-elles repositionnées afin de développer de nouveaux produits et d’attirer de nouveaux publics ? Comment les villes sont-elles venues en aide à ces secteurs ?

Ce débat vise à illustrer la façon dont les villes ont mis en œuvre des mesures visant à amorcer la relance, en trouvant un équilibre entre les restrictions liées au confinement et une réouverture progressive des différents secteurs. Cela inclut la reprise de l’économie et du tourisme à l’échelle locale, mais aussi la conception de méthodes permettant de mobiliser les institutions culturelles et éducatives, d’impliquer la jeunesse et d’améliorer la mobilité.

Pistes de réflexion

  • Comment faire redémarrer l’économie et les moyens de subsistances à l’échelle locale en instaurant un environnement propice pour les entreprises locales et notamment pour les PME ? Comment atteindre cet objectif alors que certaines restrictions sont encore en vigueur ?
  • Comment soutenir la participation à l’éducation, à la culture et à la vie sociale, promouvoir la cohésion sociale et le développement local lors des premières phases d’une telle relance ?
  • Comment atténuer les impacts à moyen terme sur les secteurs, groupes et individus vulnérables ?
  • Comment impliquer les jeunes ? Quelles mesures particulières ont été ou pourraient être prises à leur intention ?
  • Comment les villes abordent-elles les défis spécifiques du déconfinement, par exemple faire revenir les individus résidant en dehors de la ville ?
  • Comment pouvons-nous garantir le caractère inclusif des réponses politiques locales ? Comment pouvons-nous favoriser une approche inclusive qui fonctionne pour les communautés dans leur ensemble ?
  • Comment les mesures et initiatives urbaines locales pourraient-elles influencer les niveaux national et régional afin d’étendre leur impact ?

M. David Wilson, Directeur de Bradford, Ville créative du film de l’UNESCO, a modéré le débat en se concentrant sur la façon dont les villes avaient mis en œuvre des mesures visant à initier la reprise, notamment de l’économie et du tourisme à l’échelle locale, imaginant des moyens de mobiliser les institutions culturelles et éducatives, impliquant les jeunes et renforçant la mobilité.

DÉROULÉ DU PANEL : RÉSUMÉ GÉNÉRAL

Mme Geraldina González de la Vega Hernández, Présidente du Conseil pour la prévention et l’élimination de la discrimination (COPRED) à Mexico, a entamé le débat en expliquant le rôle de la ville de Mexico durant la pandémie. Elle a souligné l’importance de la discrimination dans la façon dont les personnes étaient touchées par la pandémie, en fonction de leur genre, de leur classe sociale, de leur handicap, de leur statut ou de leur orientation sexuelle. Mme González de la Vega Hernández a déclaré qu’assurément, « la pandémie n’était pas à l’origine des inégalités que nous observons actuellement, mais qu’elle avait creusé le fossé des inégalités et aggravé l’injustice sociale. » Elle a conclu son intervention en disant que « la quarantaine était un privilège, tout le monde ne pouvant pas se permettre de rester chez soi », citant les personnes sans domicile, les travailleurs du sexe, les migrants et autres groupes.

Ensuite, Mme Andrea Laverde, Directrice adjointe des Relations internationales du Bureau du Maire de Bogotá, a présenté l’approche de la ville, tant pour la réponse à la pandémie que pour le processus de réouverture. Mme Laverde a expliqué comment la ville avait changé sa façon d’aborder la santé – recourant à des réseaux publics et privés afin de garantir l’accès de chaque citoyen à des soins appropriés, indépendamment de son affiliation au système de santé. Par ailleurs, la ville a mis en place des zones de soin spéciales, des programmes différenciés adaptés aux différentes vulnérabilités et un programme quotidien sur 24 heures pour l’économie. Mme Laverde a déclaré que la pandémie avait conduit la ville à « retravailler son plan quadriennal afin de bâtir une société plus résiliente » avec une orientation sociale et environnementale, puis a conclu en disant qu’il était nécessaire de « lutter contre les préjudices et les structures façonnés par le racisme, le classisme et le machisme de notre société. »

S’exprimant du point de vue de la culture, M. Jordi Pascual, Coordinateur du Comité pour la Culture, Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU), s’est concentré sur la culture en tant que point focal des politiques urbaines. Durant la crise, CGLU a rédigé un décalogue comportant dix axes replaçant la culture au centre, arguant que « la culture est essentielle à la vie des gens […], à la diversité et au patrimoine, et qu’elle [devrait] être au cœur de tout plan international ». Il a insisté sur l’importance d’une approche inclusive, déclarant : « Nous sommes ici ensemble. Nous sommes des habitants de la Terre. »

M. Vimlendu Jha, Expert en environnement et fondateur de Swechha, a présenté un point de vue environnemental. Ses réflexions ont complété celles des précédents intervenants, assurant que la « nouvelle normalité ne pouvait pas être un retour à l’ancienne normalité, qu’une disruption était nécessaire. » Il a mis l’accent sur la façon dont la démocratie n’avait pas été équitable, et sur la façon dont les villes avaient échoué à garantir un accès égalitaire aux services et à la participation à tous leurs habitants. » « Nous avons fait appel à des solutions privées pour résoudre des problèmes publics – cette tendance doit être inversée. » M. Jha a également attiré l’attention sur le problème de la pollution de l’air, déclarant : « La pollution de l’air ne suscite pas autant d’intérêt que ce virus. Nous sommes en train de mourir. Les plus pauvres parmi les pauvres sont en train de mourir. Nous devons nous intéresser à cette question. »

Mettant l’accent sur l’économie, Mme Jia Zhou, Chercheuse à l’Académie des sciences de l’éducation de Wuhan, a expliqué comment la ville de Wuhan soutenait l’économie grâce au report temporaire du remboursement des prêts et de la mise en place de frais de sécurité sociale pour les PME et les entreprises plus établies. Elle a souligné que « la participation collective de l’ensemble de la société » avait été un facteur déterminant dans la gestion de la pandémie.

En conclusion, le débat a mis l’accent sur la nécessité de bâtir des villes plus inclusives dans leurs dimensions économique, sociale et environnementale, pour un avenir plus durable. Les villes ne peuvent pas revenir à une situation faisant la part belle aux injustices et aux inégalités. Le creusement du fossé des inégalités doit être interrompu. La pandémie a rendu encore plus visibles de nombreuses inégalités, des inégalités qu’on ne peut ignorer, alors même que nous sommes confrontés au défi que représente la mise en œuvre des mesures de déconfinement.