Adapté par Plateforme des villes de l’UNESCO, «Solutions urbaines : s’inspirer de l’action des villes face à la COVID-19»

 

Les villes ont été en première ligne face à la pandémie et ont apporté des solutions multidimensionnelles pour permettre à leurs habitants de mieux répondre et s’adapter à la pandémie. Pendant la phase critique de l’urgence, les villes ont ouvert la marche en mettant en œuvre des régulations et directives nationales ou régionales au plan local. La session vise à comprendre les principaux défis auxquels les villes sont confrontées pendant la pandémie et leurs réponses immédiates, l’aide financière et le développement des capacités (initiatives de la société civile, réponses des gouvernements, etc.). Elle vise donc à partager les bonnes pratiques des villes et comprendre les leçons tirées pour mieux se préparer aux futures urgences.

Lorsque les catastrophes frappent, qu’il s’agisse d’une pandémie, d’un tremblement de terre ou d’un ouragan, la plupart des aspects de nos vies prennent soudainement une autre tournure. La réponse immédiate implique de se concentrer sur les besoins élémentaires et d’éviter les risques secondaires. Dans le cas de la pandémie de COVID-19, cela s’est souvent traduit par le confinement des populations, tout en donnant la priorité aux soins. L’importance des services fondamentaux tels que l’alimentation est devenue évidente à mesure que de longues files d’attente se formaient devant les supermarchés ou les marchés. D’autres, comme les écoles, ont été fermés dans le monde entier, et lorsque cela était possible, des solutions virtuelles ou sous une autre forme ont été recherchées. Dans ce contexte les villes étaient en première ligne, proposant des réponses multidimensionnelles pour permettre à leurs citoyens de faire face à l’épidémie. Les gouvernements des villes, mais aussi les communautés et les individus, ont ouvert la voie. Des images de personnes chantant, applaudissant et scandant divers slogans sur leurs balcons ont été partagées dans le monde entier, des services en ligne ont été mis en place afin d’aider ses voisins et des outils ont été développés afin de partager avec le plus grand nombre les mesures adoptées, en constante évolution. Parmi ces efforts, lesquels ont été les plus efficaces et comment ont-ils aidé les villes et les citadins à faire face à la pandémie ? Comment les informations ont-elles été propagées et consultées et comment les citoyens ont-ils pu faire part de leurs commentaires ?

Au pic de l’urgence dans les pays ayant été touchés en premier, les villes ont ouvert la marche en traduisant les réglementations et directives nationales et régionales à l’échelle locale et en assurant leur mise en œuvre. Une mise en œuvre locale nécessite des efforts communs de la part des dirigeants, des services et de habitants, ainsi qu’un retour d’expérience au niveau national. Dans de nombreuses villes, la réponse immédiate face à la COVID-19 a démontré la flexibilité et la capacité d’adaptation des systèmes locaux, favorisant souvent une coopération entre des services qui n’étaient pas formés ou habitués à une telle coordination.

Pour d’autres, cela a nécessité une adaptation rapide à une nouvelle réalité. Que. cela ait pris la forme d’une fermeture imprévue, d’une nouvelle façon de fonctionner ou d’une obligation d’innover et de faire face à une demande accrue, aucun secteur n’a été épargné. Comment les différents secteurs ont-ils travaillé de concert ? Quels étaient les enjeux principaux et quelles ont été les solutions les plus innovantes ? Cette coopération a également sensibilisé à l’importance de la préparation aux risques, qu’il s’agisse d’une pandémie, des effets du changement climatique ou de tout autre risque auquel les villes pourraient avoir à faire face. Des efforts seront-ils déployés afin que nous soyons mieux préparés à l’arrivée de la prochaine crise et de quelle manière ?

La pandémie a également mis au jour les importantes inégalités qui ajoutent à la fragilité des populations en cas d’urgence. Les leçons tirées des réponses face aux crises dans le monde entier ont montré qu’une crise est finalement une question sociale dans le cadre de laquelle les groupes vulnérables sont touchés de manière disproportionnée. Bien qu’il existe de grandes différences entre les villes, notamment en ce qui concerne le nombre d’habitants et les risques auxquels ils sont exposés, celles-ci sont généralement plus inégalitaires que les zones rurales. Par exemple, un tiers des citadins du monde en développement vivent dans des bidonvilles. Cela signifie que les défis à relever afin de faire face à la COVID-19 étaient très différents entre les villes mais aussi en leur sein même. Dans la plupart des cas, une approche universelle ne fonctionnait pas. Le ralentissement de l’économie entraîne des pertes d’emplois, ce qui affecte principalement les personnes n’ayant pas accès à l’épargne ou à la sécurité sociale. La fermeture des écoles n’est pas vécue de la même façon par ceux qui n’ont pas accès à l’électricité ou à Internet, ou par ceux qui partagent leur chambre avec leurs frères et sœurs.

Une pandémie qui nécessite un renforcement des mesures d’hygiène est bien plus compliquée à combattre dans les zones densément peuplées sans accès à l’eau propre. Les villes, et notamment celles confrontées à des inégalités majeures, ont dû concevoir des méthodes pour faire face à ces différences et, bien qu’il ait été dit que la réponse à la COVID-19 avait exacerbé les inégalités, nombreuses sont celles qui ont également conçu des méthodes permettant d’atteindre leurs habitants les plus vulnérables.

Il va sans dire qu’être en première ligne de la réponse directe à la pandémie a également imposé une certaine pression sur les budgets et les capacités des villes, et c’est pourquoi cette session visait également à comprendre comment certains défis ont été abordés, notamment en ce qui concerne l’accès aux aides financières et à d’autres capacités. Cette session a également permis d’envisager comment certaines de ces initiatives pourraient être à l’origine d’un engagement et d’un renforcement à long terme des systèmes existants. Certaines villes gèrent des catastrophes depuis longtemps, d’autres sont bien moins habituées à des situations de crise de grande ampleur.

Au cours des derniers mois, les réseaux des villes de l’UNESCO, tels que le Réseau des villes créatives et l’ICCAR, ont d’ores et déjà lancé des initiatives permettant aux villes membres de partager leurs expériences et leurs solutions. Cette session consistait principalement à continuer de tirer des leçons des solutions conçues au cours de la phase critique de la pandémie. Elles aident les villes du monde entier à mieux se préparer à l’avenir mais elles peuvent également inspirer les villes et communautés qui en sont encore au début de l’épidémie.

Pistes de réflexion

  • Quelles leçons ont été tirées au sujet de la préparation des villes à une telle crise, ainsi que des réponses des communautés/quartiers face à la crise de la COVID-19 ? Dans les différents secteurs, quelles mesures préparatoires ont été les plus efficaces ?
  • Comment renforcer la préparation et la capacité de réponse des villes en cas d’urgence ?
  • Comment les villes pourraient-elles continuer à jouer leur rôle de fournisseurs de services publics (accès à l’eau, espaces verts, sécurité, éducation et apprentissage, contenu et participation culturels, médias et autres services d’informations, etc.) en temps de crise ?
  • Comment gérer le flux d’informations et permettre un accès à l’information entre les niveaux local, national et mondial ?
  • Comment la culture et la créativité pourraient-elles être mises à contribution afin d’aider les villes et les individus à mieux faire face à la crise ?
  • Comment le système éducatif pourrait-il s’adapter pour passer de l’éducation en classes à l’apprentissage en ligne ?
  • Quelles solutions d’innovation sociale ont été appliquées aux différents enjeux : sans-abrisme, violence domestique, préjugés raciaux, injustice raciale, etc. ?
  • Comment une collaboration entre les villes pourrait-elle contribuer à nos efforts communs visant à relever les défis mondiaux ?

Le débat en ligne a commencé par une introduction de la modératrice, Mme Mirian Vilela, Chaire UNESCO sur l’éducation au service du développement durable, en partenariat avec la Charte de la Terre, qui a souligné la façon dont les villes avaient initié les réponses immédiates au cœur de la pandémie. Ensuite, Mme Maria Francesca Merloni, Ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO pour les villes créatives, s’est concentrée sur ce que nous vivons actuellement en tant que citoyens du monde pendant la crise. Elle a mis l’accent sur l’importance de saisir la manière dont nous faisons face, en tant qu’humains, à la pandémie et ce que l’environnement essaie de nous dire. Elle a insisté sur le fait qu’il était urgent de comprendre et de reconstruire, soutenant que « nous sommes confrontés à un changement, même si nous résistons, les choses étant en train de subir une profonde mutation. »

DÉROULÉ DU PANEL :  RÉSUMÉ GÉNÉRAL

Au nom du Maire de Santos, Brésil, Mme Selley Storino, point focal de Santos, Ville créative du film de l’UNESCO, a expliqué comment la ville de Santos avait répondu de manière créative à la pandémie. L’initiative « La culture à la maison », lancée par la ville, a proposé des actions culturelles centrées sur la formation, le divertissement et l’activité physique (danse, photographie, gastronomie, artisanat et musique) en ligne via les réseaux sociaux. De cette façon, lorsque les gens ne sont pas en mesure de profiter de la culture à l’extérieur, c’est la culture qui vient chez eux.

M. Juma Assiago, Chef du Programme pour des villes plus sûres, ONU-Habitat, a mis l’accent sur l’importance d’une réponse à long terme à la pandémie, et sur ce qui devait être fait différemment. « Nous devons lutter contre les inégalités historiques auxquelles sont confrontés nos agglomérations, nos villes et nos villages », a-t-il expliqué, avant d’insister sur la nécessité de changer la façon dont nous envisageons les villes et de regarder au-delà du modèle traditionnel et sur le fait que « le Programme 2030 appelle à de nouvelles réflexions de la part de nos gouvernements locaux sur les agglomérations, les villes et les villages. » Il a en outre évoqué la notion de sécurité, notamment dans le contexte de la hausse des violences domestiques lors de la pandémie de COVID-19. En conclusion, M. Assiago a déclaré qu’il était nécessaire de « repenser le concept de sécurité dans les villes, afin qu’il soit mieux intégré socialement. »

En tant qu’enseignant, M. Camilo Younes-Velosa, Professeur à l’Université nationale de Colombie à Manizales, est intervenu sur l’incidence de la COVID-19 sur l’éducation. Il a mis l’accent sur la manière de reconstruire les villes après la pandémie, en prenant l’exemple de la ville de Manizales. « Les étudiants sont l’avenir de notre pays et du monde », a-t-il déclaré, faisant référence à la nécessité de promouvoir davantage l’éducation des jeunes, en misant particulièrement sur l’enseignement supérieur.

Intervenant depuis le Nigéria, Mme Lanke Taiwo, Directrice du Bureau des services de drainage et des ressources en eau, Ministère de l’environnement et des ressources en eau de l’État de Lagos, a souligné l’importance de la disponibilité d’infrastructures d’eau potable fonctionnelles pendant cette période. Concernant la ville de Lagos, le respect des règles de distanciation sociale et des autres instructions relatives à la COVID-19 incitant à se protéger à la fois dans les espaces privés et dans les espaces publics a été déterminant pour la protection des travailleurs essentiels. En l’occurrence, elle a expliqué que « l’accès à l’eau en temps de crise » était impératif au maintien de la santé de la population.

Dans l’ensemble, le débat en ligne I s’est concentré sur la façon dont les citoyens répondent à la crise, que ce soit par le biais de l’apprentissage en ligne, en suivant les recommandations gouvernementales, en permettant d’accéder à des activités culturelles ou en réfléchissant à ce que la crise a mis au jour. Un consensus s’est dégagé sur le fait que les habitants avaient besoin de divers exutoires pour affronter correctement la crise sanitaire. Sur la base de ces éléments, et indépendamment du genre, de l’âge et des cultures, les villes devront repenser leurs modèles actuels et se diriger vers des sociétés plus inclusives et plus durables.